Accueil > Articles > Limiter la vitesse à 80 km/h sur les départementales.
Soumise au début de l’année 2014, l’idée de limiter la vitesse à 80 km/h sur les départementales n’avait pas fait long chemin. Cependant, alors que l’année a été désastreuse en matière de Sécurité Routière (avec une hausse notable de la mortalité sur les routes), il semblerait que le Ministère de l’Intérieur ait décidé de la relancer, et ce dès 2015. Simple expérimentation, cette baisse de 10 km/h sur les routes départementales ne devrait cependant concerner que quelques routes dangereuses dans un premier temps.
La vitesse sur les départementales, toute une histoire :
Depuis l’invention de l’automobile et le développement du réseau routier français, les limitations de vitesse ont connu de nombreux changements, et n’ont cessé d’évoluer.
- 1893 : Les voitures sont moins puissantes, mais la vitesse est tout de même limitée à 30 km/h en campagne.
- 1922 : Les limitations de vitesse sont abolies, et remplacées par des prescriptions de prudence.
- 1961 : Les premières vraies limitations se mettent en place : sur les 2 100 km de route les plus chargées, la vitesse est désormais limitée à 90 km/h, mais seulement en fin de semaine.
- 1973 : Le réseau autoroutier commence à se développer, et une différenciation est faite entre les deux types de routes : la limite est placée à 110 km/h sur les 13 100 km de routes à grande circulation, et à 100 km/h sur les autres routes.
- 1974 : Après deux décrets successifs la même année, les limitations connues aujourd’hui sont adoptées : 140 km/h puis 130 km/h sur autoroutes, 115 km/h puis 110 km/h sur voies expresses, et enfin 90 km/h sur les autres routes.
- 1983 : Les voitures particulières sont désormais limitées à 80 km/h sur les départementales dont la chaussée est mouillée.
Les raisons de cette réduction de la vitesse.
2014 a été une très mauvaise année pour la Sécurité Routière. Alors que l’accidentalité et la mortalité routière étaient en recul ou en stagnation depuis les douze dernières années, elles pourraient faire un bond d’ici la fin décembre. Fin octobre déjà, les premiers chiffres faisaient état d’une augmentation de 13.6 % du nombre de morts, soit 100 à 150 personnes de plus tuées sur les routes. Ce sont ces chiffres qui auraient poussé le gouvernement à agir, puisque rappelons-le, la France s’est engagée à passer sous la barre des 2 000 tués d’ici 2020.
Avec cette réduction de 10 km/h sur les routes départementales, le gouvernement espère donc repartir sur la bonne voie, puisque cela pourrait permettre d’épargner 450 vies chaque année. Les départementales sont en effet le lieu où se produisent 66 % des accidents, et avec une vitesse de 80 km/h au lieu de 90 km/h, les spécialistes estiment qu’en plus d’apporter une manœuvrabilité nettement meilleure au véhicule, l’énergie du choc lors d’une collision frontale est diminuée de 21 %.
Les arguments des opposants au projet.
Cependant, les arguments avancés par le gouvernement et les spécialistes pour justifier cette baisse de la vitesse maximale sur les départementales ne convainc pas la plupart des automobilistes, qui considèrent que ce n’est qu’une mesure de plus pour améliorer la rentabilité des radars. (Les radars les plus lucratifs sont ceux positionnés à des endroits où la vitesse a justement été abaissée.)
Les opposants à ce projet pensent même, au contraire, qu’il existe plusieurs arguments qui discréditent ceux énoncés par le gouvernement. Selon eux, il ne faut pas associer systématiquement vitesse et mortalité. Comme le rappelle Pierre Chasseray, de l’association 40 millions d’automobilistes, c’est d’ailleurs sur les axes où on roule le plus vite, les autoroutes, qu’il y a le moins de morts. De même, dans d’autres pays européens, comme le Danemark par exemple, l’augmentation récente de la vitesse maximale sur les routes départementales n’a pas entrainé de hausse de la mortalité.
De plus, il est prouvé qu’imposer une vitesse trop basse peut avoir un effet pervers : certains automobilistes décident tout simplement de ne pas la respecter, et en adoptant une vitesse bien plus élevée que tous les autres conducteurs, ils se mettent en danger notamment dans les manœuvres de dépassement.
Des premiers essais en 2015
Malgré tout, le gouvernement devrait expérimenter cette baisse à 80 km/h sur les routes départementales en 2015. Cependant, dans un premier temps, cette baisse se ferait uniquement dans de petites portions de routes départementales jugées dangereuses et favorables aux accidents, notamment pour ménager des automobilistes en majorité réticents à ce projet (entre 83 % et 87 % d’opinions défavorables).
Selon les premières informations, il s’agirait de deux ou trois routes départementales de campagne, et la mesure débuterait en février ou en mars prochain, pour une durée de deux ans. Difficile pourtant de croire que le gouvernement se contentera de ces petits tronçons de route, et qu’il attendra ensuite deux ans pour donner une suite à sa réforme. Impopulaire ou pas, et malgré les arguments des opposants, il semblerait bien que la limitation à 80 km/h sur les routes départementales soit en train de s’installer en France.
Les tronçons choisis pour les essais.
Mise à jour du 01 juin 2015 : trois tronçons ont finalement été retenues afin de réaliser un test à compter du 1er juillet 2015 et pour une durée minimale de deux ans.
- Dans la Drôme, 18 km sur la RN 7 ;
- En Haute-Saône, 14 km sur la RN 57 ;
- A cheval sur l'Yonne (32 km) et la Nièvre (17 km), soit 49 km sur la RN 151.
Par Yannick Legris, publié le 05-01-2015 : dernière mise à jour le 24-03-2021.