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Des tests salivaires plus fiables pour détecter la drogue au volant.

Les contrôles routiers afin de détecter si un automobiliste conduit sous l'emprise de stupéfiants devraient se multiplier dans les mois qui viennent. En effet, de nouveaux tests sans prise de sang vont permettre de diminuer le coût des contrôles et donc de les généraliser.

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Après les chiffres alarmants de 2013 concernant la conduite sous l’emprise de stupéfiants, la Sécurité Routière a décidé de frapper un grand coup en cette fin d’année 2014 : elle a décidé de mettre en place un nouveau dispositif de contrôle de la consommation de drogues au volant, qui va passer par de nouveaux tests salivaires. Plus faciles à mettre en place, et demandant moins de temps, l’objectif affiché est de réussir à pratiquer davantage de dépistages sur le bord de la route, pour lutter plus efficacement contre le cannabis au volant, notamment.

Présentation de ces nouveaux tests salivaires.

Contrôle routier : test salivaire.

Les nouveaux tests salivaires ne font pas appel à une nouvelle technologie ou une nouvelle méthode de dépistage : ils sont juste une version améliorée du dépistage actuel effectué lors d’un contrôle anti-stupéfiant. Au lieu d’une petite languette posée sur la langue, qui donne ses résultats au bout de 3 à 10 minutes, il s’agit ici d’un bâtonnet, ressemblant à un coton-tige, que l’officier fait glisser le long de la paroi interne de la joue pour prélever un échantillon de salive. Ce bâtonnet et son prélèvement nécessitant une analyse complète sont conservés dans un tube et sont ensuite envoyés à un laboratoire, qui détermine la présence ou non de stupéfiants dans l’organisme.

Les différences avec la méthode actuelle.

Actuellement, lors d’un contrôle anti-stupéfiant, le dépistage se déroule en deux étapes. Premièrement, les forces de l’ordre effectuent un test salivaire standard sur le conducteur (avec la languette dont nous parlions précédemment), et ensuite, si ce test se révèle positif, un prélèvement sanguin est imposé à l’automobiliste incriminé, pour confirmer ou infirmer le premier test. Or, ce prélèvement sanguin devant être fait par des professionnels, un médecin ou une infirmière en l’occurrence, il incombe aux forces de l’ordre de conduire le conducteur jusqu’à un hôpital.

Avec ces nouveaux tests salivaires, c’est cette deuxième étape qui est totalement retravaillée. Si le premier prélèvement salivaire est positif, ce n’est plus un prélèvement sanguin qui est effectué, mais un deuxième prélèvement salivaire. Il est effectué avec le bâtonnet, directement sur place, par les forces de l’ordre et est ensuite envoyé à un laboratoire. En n’étant plus obligés de se déplacer jusqu’à un hôpital et en pouvant tout effectuer sur le bord de la route, le gain de temps et d’argent est conséquent : environ 50 € par prise de sang.

Où et comment se déroulent les premiers essais ?

Pour le moment, seuls 10 départements et 200 conducteurs volontaires seront concernés par ce dispositif, qui se déroulera entre le 1er décembre 2014 et le 1er juin 2015. Paris est bien évidemment concerné, ainsi que les départements des Alpes-Maritimes, de la Dordogne, de la Gironde, de l’Ille-et-Vilaine, de la Loire-Atlantique, de la Moselle, du Nord, de la Haute-Savoie, et enfin des Yvelines.

En tant qu’essai, ce dispositif ne sera donc pas imposé aux conducteurs dont le premier prélèvement salivaire se sera révélé positif. D’ailleurs, pour vérifier l’efficacité et la fiabilité de ces nouveaux tests salivaires, chaque automobiliste volontaire sera également soumis à la procédure classique, c'est-à-dire un prélèvement sanguin. Et si les résultats s’avèrent probants, si ce nouveau test salivaire est efficace, la généralisation de ce nouveau mode de dépistage devrait être mise en place sur l’ensemble du territoire français, pour ainsi augmenter le nombre de contrôles (seulement 144 000 ont été effectués en 2013, soit beaucoup moins que des contrôles d’alcoolémie).

Les effets de la drogue souvent sous-estimés.

Si ces nouveaux tests provoquent déjà des réactions (fiabilité, marge d’erreur de 10%, combines pour être négatif…), il est pourtant primordial de rappeler qu’ils sont importants, tant la dangerosité de la conduite sous l’emprise de stupéfiants est sous-estimée, notamment par les jeunes consommateurs de cannabis. Si ce n’est pas la drogue la plus puissante, elle provoque tout de même un allongement du temps de réaction, et altère la vision et l’audition. De plus, quand elle est mélangée à l’alcool, les effets sont démultipliés. En 2013, rappelons par exemple que 23 % des automobilistes impliqués dans des accidents mortels présentaient des traces de stupéfiants dans le sang, et dans 4 % de ces accidents mortels, ces mêmes stupéfiants étaient le facteur principal.

Les sanctions en cas de test positif.

En cas de résultat positif au test salivaire, l’automobiliste risque jusqu'à 2 ans d’emprisonnement, 4 500 euros d’amende et la perte de six points sur le permis de conduire. De plus, s'il y a constatation d'un cumul drogues + alcool, les peines sont aggravées et peuvent aller jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 9 000 euros d’amende.

Enfin, le tribunal peut ordonner jusqu'à 3 ans de suspension du permis de conduire ou une annulation avec interdiction de le repasser pendant une période de 3 ans ou plus.

Par Yannick Legris, publié le 03-11-2014 : dernière mise à jour le 24-03-2021.